Il y a tout de même une justice !

Après notre rendez-vous manqué avec la mer lors des vacances de Pâques, il était temps que nous prenions notre revanche. Il nous tardait surtout de savoir si notre voilier était marin ou non, puisque, jusqu'ici, nous n’avions testé “Maybe” qu’en eaux calmes.

Cette fois, c’est du sérieux. Nous allons naviguer 28 jours sur une distance de 406 Milles, toucher 19 ports différents et effectuer 3 mouillages (de jour). Le bateau parcourra les deux tiers de la distance à la voile et un tiers au moteur, aidé d’une voile ou non.

Premier contact avec l'eau salée

Nous mettons à l’eau à Borme-les-Mimosas. Ce lieu est choisi pour sa cale de bonne qualité et abritée tout temps. De plus, il y a pas loin un gardiennage grand luxe pour le véhicule et la remorque, où on vous ramène au port et où on vient vous y rechercher à la fin du séjour. Ça ne se refuse pas !

Attention cependant avec la cale : le goulet d’entrée ne fait que trois mètres de large, ce qui risque de poser problème aux multicoques. Quant au fond, c’est un mètre, ne pas baisser la dérive trop vite !

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La cale de Borme-les-Mimosas...

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... et son goulet ...

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... est un peu étroite pour certains multicoques !

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“Maybe” prêt pour le grand départ !

Le bateau reçoit tous ses accessoires, y compris son annexe dont je reparlerai. Seule la batterie de secours est laissée à la maison. La batterie principale est neuve, le panneau solaire alimente à lui seul les instruments et il y a encore l’alternateur du moteur. C’est largement suffisant.

Ballast rempli, avitaillement effectué, nous quittons le lendemain le port pour notre grande aventure.

Le spi et le saucisson

Le vent s’annonce au portant. Un bon force 3, idéal pour lancer notre spi asymétrique.

Mon épouse lui a confectionné un “saucisson”, plus précisément un sac en toile de sac à voiles. C’est un tuyau de deux mètres de long, qui s’ouvre de part en part avec des velcros. Il est fixé sur l’avant tribord du pont. L’avantage, c’est qu’on peut frapper à l’avance le point d’amure et les écoutes. Il suffit, le moment voulu, d’ouvrir le “saucisson”, de frapper la drisse et de lancer la toile. C’est parfaitement fiable et très rapide.

Cette voile pousse vraiment bien le bateau, au point que les écoutes sont dures à tenir et sortent facilement des taquets que j’ai posés. Un petit guide d’écoute devant les coinceurs devrait corriger le problème.

Premier “grand frais”

En Méditerranée, l’avis de grands frais en été, c’est souvent le Mistral. Au troisième jour, le vent est annoncé à force 6, seulement sur la zone où nous naviguons, mais en pleine face et avec des vagues “casse bateaux” comme seule cette mer sait si bien en produire.

Nous partons avec un seul ris pour garder de la puissance. Tout se passe bien, si ce n’est que ça secoue tout de même pas mal. Le voilier coupe cependant bien les vagues sans trop nous mouiller.

Je découvre que le lest liquide n’est pas un gadget et évite à l’étrave de taper. Nous ferons plus tard un essai réservoir vide et découvrirons que c’est à éviter dans le gros clapot : le bateau lève trop et cogne la vague.

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Les pare-battages ont reçu leur sandow. En arrière-plan, le “saucisson à spi”

Avec les secousses, les pare-battages giclent dans tous les sens. Dès le lendemain, ils seront fixés avec des sandows.

Par deux fois, notre annexe tente de passer par-dessus bord. Je finis par attacher son sac de transport au mât. Je pense avoir la paix, mais l’annexe sort de son sac (ne me demandez pas comment) et passe réellement par-dessus bord ! Manoeuvre “homme à la mer”, mais où l’homme est remplacé par une annexe !

Le début est exécuté bien tout comme il faut tel qu’appris dans les livres, mais la suite est nettement moins académique. Qu’importe, l’annexe est ramenée à bord et posée dans le cockpit, au grand plaisir de mon toutou qui s’en fait immédiatement une coucouche.

Nous continuons nos virements. Malgré les vagues, nous gardons un angle de 100 degrés d’un bord sur l’autre. Un autre jour, avec plus d’expérience, nous arriverons à serrer à 90 degrés dans des circonstances presque similaires. C’est nettement mieux que ce que je prévoyais.

Lors d’un de ces fameux virements, nous ratons la manoeuvre et couchons le bateau. Celui-ci se redresse instantanément. 150 kilos de lest seulement (plus le lest liquide), mais placé bas. Cela fonctionne parfaitement. Nous savons maintenant que le voilier est sûr.

On se lasse de tout, même des virements de bord. Départ en plein contre le vent au moteur appuyé par la grand-voile. 4 noeuds au loch, ça pousse ces petits quatre-temps japonais ! Par contre, on se mouille, car les vagues ont pris de la hauteur.

Nous arrivons entiers au port, trempés mais heureux. Le Kerkena 6.1 supporte les avis de “grands frais”. C’est plutôt une bonne nouvelle.

Grand frais “bis”

En fait, nous en vivrons plusieurs, mais c’est le second avec vent de face. Cette fois, c’est plus fort, mais avec des vagues plus hautes et surtout moins cassantes. Le bateau avance, mais il faut réduire et encore réduire. Nous en sommes à deux ris dans la grand-voile et un mouchoir de poche à l’avant. Mauvaise idée, nous n’avons plus assez de vitesse. Je rouvre un peu le génois et tout rentre dans l’ordre. C’est le métier qui entre. Comme pour la première fois, nous finissons au moteur, ras-le-bol des virages !

Même chose, mais dans l’autre sens

Un avis de “grand frais”, un ! Rassurez-vous, il y en aura en fait peu pendant cette croisière et jamais très méchants. Seul du côté de La Ciotat ou de la Corse on verra du force 8, mais là, nous nous n’y serons pas pendant l’événement ! Du Mistral dans le dos, c’est rigolo. On met le génois et on se laisse pousser. Nous parcourons de bonnes distances sous ce régime. “Maybe” a peu de roulis et reste confortable.

En arrivant vers Cannes, il faut changer d’angle pour accéder au port. Je découvre alors que le vent est très fort avec les vagues qui vont avec. Nous entrons dans cette ville en dansant le rock'n roll. Au vent arrière, nous n’avions absolument pas imaginé que le temps avait pareillement forci !

Les virés et les élus

Ces différentes conditions météo séparent notre matériel en deux groupes : les élus et les virés. Dans les élus, l’essentiel du gréement, heureusement. Il faut dire qu’avec le pieu qui nous sert de mât, il y a de quoi être rassuré.

Parmi les virés, il y a bien sûr le hale-bas, resté en sursis uniquement parce que nous n’avons pas encore choisi le nouveau système. L’actuel brillera, tout au long de la croisière, par sa complète inefficacité.

Viennent ensuite les poulies de renvoi des drisses. Elles tournent tellement mal qu’une verra sa roulette de nylon fondue par le frottement de la drisse ! Les coinceurs de drisses sont également hors jeu et seront remplacés. Ils sont de marque certes, mais “entrée de gamme”. Un coinceur qui ne coince guère n’a pas grand intérêt.

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Un des “virés”, le capot de descente !

Mais le plus gros problème est celui du capot de descente. Il tient mi-ouvert par des taquets que j’ai posés, mais en position fermée, il faut l’attacher pour qu’il ne tombe pas dans la cabine (ce qu’il fera quand même par deux fois. Témoins : les marques laissées sur le plancher !). C’est ennuyeux, car nous ne savons pas pour l’instant que mettre à la place.

Mais pour l’ensemble, c’est bon, le bateau est sain et nous pouvons envisager l’avenir avec sérénité.

La voilure se règle bien et c’est tant mieux, car tenir la barre n’est pas toujours commode. L’ensemble est solide et bien construit, mais la barre elle-même est courte, donc avec peu de bras de levier. Comme l’arrière du voilier est plat et large, la pelle du gouvernail est soumise à de gros efforts, donc le bras du barreur aussi. Mais cela reste dans le domaine du supportable et soyons francs, c’est “Victor”, notre pilote, qui dirigera le navire la plupart du temps.

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Moteur et pilote, un couple qui ne nous lâchera pas

Pétole

Côté Menton, il ne faut pas rêver. Du vent, il y en a parfois, mais mieux vaut posséder un bon moteur. Le nôtre sort de révision et se sent pousser des ailes. Nous tenons facilement nos 5.3 noeuds de moyenne et quand le vent aide un peu, nous arrivons parfois à 6 noeuds bien soutenus. Nous possédons ce hors-bord depuis quatre ans, et jamais il n’a fait un pet de travers. Cela me laisse songeur quand je vois autour de moi le nombre assez important de pannes mécaniques qu’il y a, en été, le long des côtes. Je vais finir par croire qu’un petit quatre-temps est plus fiable que tous ses monstrueux confrères !

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Pas de doute sur le “look”, on est bien sur un croiseur

Fin coursier ou gros sabot ?

Avec un GO 550, on est habitué à voir le speedomètre prendre l’ascenseur. Mais ce que le GO n’aime pas, ce sont les vagues qui le freinent vite. Avec le Kerkena, c’est très différent. Pas d’accélérations brusques, sauf sous spi au portant, mais une vitesse constante. Résultat, des moyennes horaires excellentes pour un petit bateau. Nous calculerons en règle générale 4 noeuds pour par exemple 20 Milles, soit 5 heures de trajet. Nous serons rarement loin de la vérité.

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En route pour l’Italie sous spi asymétrique

Forca Italia

Là, on sort du sujet, mais soyons fous ! Pour beaucoup de Français (heureusement, pas tous !), la Méditerranée se termine à Menton. Quel dommage ! Se priver d’Italie, c’est vraiment passer à côté d’un plaisir rare.

Les Italiens ne pensent pas comme ailleurs. Cela ne touche pas seulement le football ou la cuisson des pâtes, mais également la plaisance. Normalement, il y a le long de la côte de belles et parfois chères marinas prévues pour les bateaux de croisière. Mais on y trouve également une multitude de petits ports pour les locaux, totalement infranchissables pour les grosses unités, mais qui peuvent se révéler un paradis pour les petits voiliers.

En principe, on commence toujours par vous dire qu’il est totalement impossible d’y passer ne serait-ce qu’une nuit. Mais il ne s‘agit là que d’une entrée en matière. Normalement, après un temps habituellement assez long, voire très long, en palabres, si vous savez bien vous y prendre, vous obtenez votre sésame. Nous ne sommes pas trop mauvais à ce petit jeu. Nous entrerons ainsi dans un petit paradis mythique, le jour de la fête du port, rien que ça ! Nous y serons les seuls “étrangers”. Le lendemain, le capitaine nous laissera ses deux numéros privés : “La prochaine fois, appelez-moi le jour d’avant et je vous fais une place !”.

Les Italiens parlent fort, mais sont en général très “relax”. Attention cependant, si une capitainerie commence à disséquer vos papiers, elle le fait jusqu'au bout, donc, soyez en règle !

"Maybe” au port

Un petit voilier a cet avantage sur un gros, il trouve en général une place au port, même dans les lieux “chauds” en pleine saison. Cela nous vaudra parfois des situations savoureuses, comme à Cassis (5) (à lire avec l’accent local) : Moi : “Nous aimerions une place pour une nuit.” Le préposé : “Si vous avez un chausse-pied, j’en ai une !” Son collègue : “Ça ne le fera pas !” Le préposé : “Si, ça le fera !” Son collègue : “Je te dis que ça ne passera pas !”

Nous sommes obligés de relever le défi. Ça passera, sans chausse-pied, mais de justesse !

L’accueil de notre petit bateau sera toujours bon à une exception près (la Ciotat), nouveau port, au point que nous irons dans le vieux, plus sympa). Cela fait parfois drôle d’être reçu, comme à Cannes, avec la même déférence que les capitaines qui s’annoncent avec leur 70 mètres ! Seule différence : la facture finale n’est pas la même !

“Maybe” intrigue, suscite les curiosités et les questions. Il y a celles connues de tous les petits voiliers : “Comment faites-vous pour dormir là-dedans ?” ou “Vous venez d’aussi loin, avec un si petit bateau ?”. Mais il y aura aussi des “Ça doit aller vite, un voilier comme celui-là !” plus flatteur. Un ami nous dira de “Maybe” au sujet de sa taille : “Depuis derrière, il fait encore illusion, mais devant, ça s’arrête rapidement !”. Notre bateau sera apprécié par les garçons de ponton, souvent voileux de leur état et accomplissant leur job d’été.

Nous remercions encore tous les voisins de ponton qui nous prêteront aimablement leur jet pour nettoyer le bateau (nous n’avons pas cet accessoire à bord).

Mention spéciale au propriétaire du petit bateau suisse (voir également plus loin) qui, en plus, n’hésitera pas à plonger au petit matin pour récupérer mon précieux couteau, suisse lui aussi, tombé la veille par-dessus bord !

Petit signe d’amitié à cet autre voisin, sur un superbe petit voilier suédois, qui nous laissera nous mettre à couple, et ainsi profiter de son ancre, au petit port des Moines de Saint-Honorat. Il nous laissera, en plus, son numéro de téléphone pour nous trouver une place si nous venons chez lui.

Désolé pour les grincheux, mais dans le milieu du nautisme, il y a plus de gens serviables que de malotrus !



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Un excellent choix pour les hésitants. Le voilier fait 12 mètres, il y a un “motorboat” de l’autre côté ainsi que quelques jets-skis. L’hélico, c’est pour aller chercher les croissants !

Les “autres”

Je parle ici, bien entendu, des propriétaires de “motorboats”. En général, la vision que l’on retient, c’est le gros machin qui passe devant votre étrave manettes au plancher, soulevant la vague qui tue et qui, en vrac : arrête votre bateau, vous arrose copieusement, mouille tout ce qui peut l’être dans la cabine, vous secoue encore quelques minutes jusqu’au passage du suivant !

Mais bien de ces navigateurs sont en fait charmants et s’intéresseront à “Maybe”. Souvent, cela commence par : “Moi aussi, quand j’étais jeune, je faisais de la voile” (je précise à la noble assemblée que j’ai la cinquantaine bien entamée !). En fait, les “motoristes” ont le blues. Le prix actuel du carburant rafraîchit sérieusement le goût du voyage et nombreux sont ceux qui ne parcourent plus que de courtes distances. Je n’ose pas leur dire que ma facture d’essence s’élèvera à 55 euros pour un mois !

Mais “l’autre” le plus insolite sera ce monsieur distingué qui observera attentivement notre Kerkena à Beaulieu-sur-Mer (7). Il n’est ni à voile, ni moteur. Il descend simplement de sa voiture. Nous lions conversation et apprenons qu’il ne s’agit rien de moins que le papa de l’architecte de notre bateau : Martin Defline !

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Sans équipage et lest liquide rempli, le voilier n’est plus dans ses lignes

Confort à bord

La croisière avance. Nous ne ressentons ni fatigue, ni lassitude, ni courbatures. Le confort à bord est excellent et forts de notre première expérience sur le GO 550, nous n’avons pas commis trop d’erreurs sur “Maybe” en matière d’aménagements. Deux points nous dérangent cependant : notre lit penche contre l’avant du bateau. En fait, ce n’est pas la couchette qui est en cause. C’est tout le bateau qui penche vers l’avant ! Le responsable en est notre lest liquide qui, avec ses 100 kg, sort le voilier de ses lignes ! Nous allons essayer de lester plus vers l’arrière afin de redresser l’engin.

L’autre source d’inconfort est le frigo. Notre petite glacière fonctionne bien et est économique (30 Watt), mais sa capacité est trop réduite et donc insuffisante. Là, il n’y a pas de miracle, il faut casser sa tirelire et acheter un vrai groupe froid pour bateaux.

Notre voisin de ponton, récupérateur de couteau suisse, voyage avec femme et enfant sur un transportable un peu plus gros que le nôtre : un First 21.7. Ils ont pris l’option “groupe froid sérieux” et ne voudraient pas revenir en arrière. “Maybe” aura le sien pour la prochaine croisière !

Inconscience

Nous avons maintenant bien notre voilier en main. Le vent souffle correctement au portant. Devant nous se distingue déjà le village de Saint-Tropez. Tout va bien à bord. Je regarde sans trop faire attention les cardinales que nous laissons par bâbord, puis m’étonne qu’il y ait des rochers entre les cardinales et nous. La réponse est rapide, nous sommes en train de les passer du mauvais côté ! L’eau est claire, rien à signaler en face si ce n’est un voilier qui fait même route que nous, mais en sens inverse. Nous nous croisons, nous saluons. Arrivé au port, je sors la carte pour comprendre : nous venons de passer un étroit chenal bordé de deux hauts fonds que je n’aurais pas pu voir. À quelques mètres près, c’était le talonnage assuré à plus de 5 noeuds !

Je me rends compte de ma stupidité et me jure que, même sur un itinéraire connu, je consulterai désormais la carte avant de partir !

Retour au bercail

Il est temps de rentrer. Nous sommes encore à deux jours de notre port d’attache, mais des avis de ”grand frais à coup de vent” sont annoncés avec, pour nous, le vent en pleine face. Je calcule qu’en partant tôt le matin, il ne devrait pas y avoir de problème et, en effet, il n’y en aura pas. La veille du départ, nous sommes toujours à Saint-Tropez et voyons des yachts de luxe amarrés à couple. Ce n’est vraiment pas courant et en plus, cela bloque tout le port. Nous aurons l'explication à la capitainerie : tous ces monstres projetaient de se rendre en Corse, mais vu les conditions météo, ils n’osent pas partir. Quand on voit la taille des engins, ça laisse vraiment songeur !

Nous sommes donc dans les rares à quitter le port aux aurores. Le coup de vent n’arrivera que dans l’après-midi. Nous serons déjà à l’abri et heureusement, le vent sera en effet très violent ce jour là.

L’affront

La météo s’est bien calmée. Nous parcourons tranquillement nos derniers miles au vent arrière avec la seule grande voile. Nous ne sommes pas pressés. Soudain, un voilier “Surprise” (j’adore ces bateaux) nous dépasse outrageusement ! Nous mettons du temps à réaliser l’affront, puis ouvrons le génois et réglons la voilure. “Maybe” fait un bond, il est dans sa bonne allure. Je pense que nous reprenons des mètres, mais le goujat vire harmonieusement de bord et repart au près. Là, nous n’avons plus aucune chance et de toute façon, nous sommes devant notre port d’arrivée.

“Maybe”, croiseur tu es, croiseur tu resteras... ou presque !

Sur la route

Nous sommes sur l’A7. Je ne peux chasser l’image de ce “Biloup” couché sur la chaussée que j’avais vu en photo et dont l’accident s’était produit sur ce même axe. Le chauffeur était expérimenté et c’est peut-être ça l’erreur. Je remarque qu’avec la routine, on ne fait plus attention à tout. Dans les “faux plats” en descente, le convoi peut accélérer doucement sans qu’on s’en rende vraiment compte. Si la remorque part en cavitation, le voyage peut se terminer brusquement.

Ce jour-là, je serai vigilant et nous arriverons entiers à la maison.

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Un Kerkena revu et corrigé, cela donne une drôle d’allure !

Le bilan

Pour nous, pas de doute, le Kerkena a passé son examen final avec succès. Faut-il le rappeler, nous n’avions aucun retour sur la façon dont ce bateau naviguait, puisque nous sommes les premiers à l’avoir sérieusement essayé ! Moyennant les quelques transformations décrites plus haut, nous devrions avoir un voilier qui correspond à nos exigences et qui pourra, dès l’année prochaine, être équipé en “plus de 6 miles des côtes”.

Nous ne savons pas comment évolueront les Kerkena de série, mais le nôtre risque de connaître de belles aventures, c’est pour cela que nous l’avons acheté.

De Roger Baudet, août 2008