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“Maybe” et “Lets Go” cĂŽte Ă  cĂŽte : le tout-terrain et le sportif

Pré-histoire !

Impossible de prĂ©senter “Maybe” sans parler de “Lets Go”. “Lets Go”, c’est mon premier voilier transportable. Je l’ai dĂ©couvert un beau jour d’automne, en feuilletant un magazine de voile. Il n’était nullement programmĂ© l’achat d’un bateau dans notre famille, puisque nous possĂ©dions un pneumatique rĂ©cent qui nous convenait trĂšs bien. Pourtant, deux mois plus tard, ce Go 5.50, renaissance du Neptune 5.50, sera dans notre jardin et le “pneu” se verra attribuer une nouvelle carriĂšre dans un club... de voile !

“Lets Go” Ă©tant un pur rĂ©gatier, nous mettrons trois mois pour en faire un croiseur digne de ce nom, tout en conservant ses qualitĂ©s de vitesse. Ce voilier est, aujourd’hui, une vraie rĂ©ussite. Il est beau, rapide, confortable et trĂšs fiable.

Pourtant, nous allons nous en sĂ©parer ! La cause ? Un cahier des charges qui va trĂšs vite Ă©voluer. Nous pensions mettre assez rĂ©guliĂšrement notre transportable Ă  l’eau pour de petites croisiĂšres, sur un week-end ou un peu plus. Nous le mĂąterons, en fait, cinq fois pas an, mais pour des escapades beaucoup plus longues et sur des distances plus consĂ©quentes.

RĂ©sultat, “Lets Go” se trouvera ĂȘtre un peu trop petit et un peu trop “sportif” pour des excursions de plus d’une semaine.

Le déclic

Pendant que nous faisons cette constatation, le chantier “Indigo Yacht” (le constructeur de Let's Go) nous envoie un mail annonçant la sortie d’un nouveau transportable entiĂšrement pensĂ© croisiĂšre : Le Kerkena 6.1. Il s’agit d’un dessin de l’architecte Martin Defline, qui est reparti d’un premier projet, le Tonga 6 et qui l’a lĂ©gĂšrement modifiĂ©. Le prototype du Kerkena est Ă  vendre... Petit tour vers la concurrence, rĂ©flexion et Ă©tude attentives. Acheter ce bateau est un risque, car contrairement au Go 5.50 oĂč nous pouvions nous appuyer sur l’expĂ©rience du Neptune, lĂ , nous n’avons aucune garantie que ce voilier sera performant. Nous prenons pourtant le risque.

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Le Kerkena, tel que présenté par Indigo Yacht

Pourquoi celui-lĂ  et pas un autre ?

Le marchĂ© du transportable offre aujourd’hui passablement de solutions intĂ©ressantes. Notre prototype a comme dĂ©faut d’avoir une finition un peu alĂ©atoire. Mais le prix est attractif et, de toute façon, je dois sortir la caisse Ă  outils pour certaines transformations. Ce qui emporte surtout la dĂ©cision est le dessin gĂ©nĂ©ral du bateau : une bonne surface de toile sur un grĂ©ement solide, un design Ă©lĂ©gant, une cabine trĂšs spacieuse grĂące, notamment, Ă  ses couchettes placĂ©es sous le cockpit. Ajoutons Ă  cela un Ă©quipement de base qui n’est pas Ă  dĂ©daigner.

Premier contact (routier !)

Pendant les vacances de PĂąques, nous prenons livraison de notre vaisseau Ă  La Rochelle. 900 kilomĂštres de routes en tous genres nous attendent pour ramener notre chargement Ă  la maison. C’est le premier vrai contact que nous avons avec celui qui s’appellera dĂšs Ă  prĂ©sent “Maybe”. Ce voyage par voie terrestre est important, car un transportable parcourt souvent plus le bitume que les flots bleu azur. J’avais une inquiĂ©tude : le chargement est Ă  la limite de ce que mon vĂ©hicule est autorisĂ© Ă  tirer, soit 1200 kilos. Pourtant, tout se passera bien et mĂȘme la petite pente Ă  20% qui nous autorise l’accĂšs Ă  notre “chez-nous” est franchie sans problĂšme. L’attelage est plus stable que celui du Go 5.50. Peut-ĂȘtre est-ce dĂ» Ă  une remorque lĂ©gĂšrement surdimensionnĂ©e et qui semble tenir particuliĂšrement bien la route.

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Le mĂąt et son support

OĂč il est question d’un support

“Maybe” repose maintenant dans notre jardin. PremiĂšre tĂąche : fabriquer un support de mĂąt pour le transport. Il est tout de mĂȘme bizarre que la majoritĂ© des constructeurs n’aient toujours pas compris qu’il faut un support de mĂąt lorsqu’on transporte un bateau. J’aurai Ă  cette question une drĂŽle de rĂ©ponse : la plupart des gens qui achĂštent des transportables ne les... transportent pas !

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La piÚce permettant de surélever le mùt

Je me lance donc dans cette tĂąche et fabrique un gabarit “deux positions”. Mon poteau sera bien horizontal et placĂ© assez bas pendant les parcours routiers, mais sera lĂ©gĂšrement surĂ©levĂ© par l’arriĂšre (grĂące Ă  une piĂšce supplĂ©mentaire) lorsqu’il faudra le dresser.

Un mĂąt qui ne veut pas grimper

Nous allons vite dĂ©couvrir que notre nouveau jouet n’est dĂ©cidĂ©ment pas un “classe micro”, dont “Lets Go” Ă©tait un digne reprĂ©sentant. En voulant mĂąter l’engin, notre poteau tombe par deux fois lourdement sur l’herbette. Notre technique (l’un pousse, l’autre tire), qui fonctionnait si bien sur notre prĂ©cĂ©dent coursier, est ici Ă  revoir. Lectures instructives sur Internet et dĂ©cision : nous devons Ă©quiper l’embarcation d’une chĂšvre. Rien Ă  voir avec une sympathique biquette. Ici, la chĂšvre dĂ©nomme deux montants en alu (ou en inox) munis Ă  chaque bout d’un crochet de tangon. l’un se fixe sur le pont, l’autre rejoint celui de l’autre montant. Le tout sert de bras de levier qui, Ă  l’aide d’un palan, permet au mĂąt de monter sans difficultĂ©.

DĂ©part vers un chantier pour fabriquer l’accessoire et pour rĂ©parer le pied de mĂąt qui n’a pas apprĂ©ciĂ© notre incompĂ©tence


Quelque temps aprĂšs, nouvel essai. Ça marche, mais le mĂąt a tendance Ă  partir de travers. Nous fixons alors l’enrouleur sur la chĂšvre. L’ Ă©quipier qui le tenait peut maintenant s’occuper de la bonne droiture du mĂąt.

Ça va, mais ça n’est pas encore ça. Sur Internet, on voit des images avec Monsieur tirant sur le palan et Madame (ou le petit dernier) tenant le mĂąt. Je rĂ©aliserai vite qu’il n’y a pas besoin de beaucoup de force pour tirer sur le palan, mais pour tenir le mĂąt, si !

Nous inversons les rĂŽles avec mon Ă©pouse, et tout rentre dans l’ordre. Peut-ĂȘtre ajouterai-je bientĂŽt deux Ă©querres en alu empĂȘchant le pied de mĂąt de glisser latĂ©ralement, ce qu’il peut encore faire si son inclinaison sur le cĂŽtĂ© est trop grande.

Nous pouvons maintenant nous attaquer Ă  la suite...

Pourquoi des transformations sur un bateau neuf ?

Cette question me sera posĂ©e par une amie perspicace. Elle n’a pas tort. Le Kerkena est un voilier de croisiĂšre et c’est ce que nous allons effectuer, alors ? Alors, il y a de grandes diffĂ©rences entre une escapade de week-end et un voyage cĂŽtier de plus d’une semaine. La plupart des gens sortent Ă  la journĂ©e ou dorment au plus une nuit ou deux dans leur bateau. Inutile pour cela d’un Ă©quipement sophistiquĂ© qui ferait dangereusement grimper le prix du bateau.

Le Kerkena est peut-ĂȘtre adĂ©quat pour le premier programme, mais pas pour le second !


Le bateau avant transformation...

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et pendant !

Aménagement intérieur

Le bateau est Ă©quipĂ© de plusieurs rangements d’origine, dont deux armoires latĂ©rales surmontĂ©es de petits Ă©quipets et d’un grand coffre Ă  l’arriĂšre. Cependant, les armoires et le coffre donnent directement contre la coque, ce qui garantit que tout ce qu’on y mettra sera mouillĂ© par la condensation ou par l’eau qui ne manquera pas de s’infiltrer. Solution : fabriquer un plancher qui isolera du fond et donnera une assise droite permettant de mieux poser les affaires.

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Le coffre du fond n’est accessible que par deux petites ouvertures ne laissant pas passer un sac de voyage. Il servira Ă  stocker bottes, cirĂ©s, matĂ©riel de pĂȘche et autres objets divers

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Visite du coffre arriÚre équipé de son plancher Au fond, le tuyau de la douchette et la batterie

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Vue d'un des coffres
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La cabine vue depuis l'avant

Les habits de rechange resteront dans leur sac réduit sur la couchette avant. Le reste des six coffres logent sous les coussins. Seuls deux sont isolés par un contre moulage.

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Le cÎté cambuse

Nous devons trouver une solution pour nos casseroles, notre vaisselle et tout le petit Ă©quipement technique. Nous amĂ©nageons sur les deux cĂŽtĂ©s de grands coffres surmontĂ©s de deux rangĂ©es d’équipets. A bĂąbord, les casseroles et la glaciĂšre iront dans le coffre, la vaisselle au dessus.

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Le coin technique

Sur tribord, le coffre cachera les WC chimiques et les Ă©quipets accueilleront jumelles, manivelle de winch, etc


Le rĂ©chaud est virĂ© de son embase d’origine. Nous ne cuisinons que dans le cockpit (souvent protĂ©gĂ© par une tente ou un taud). Il est remplacĂ© par une table Ă  cartes. À ce titre, il faudra un jour qu’on m’explique comment frire quelque chose sans graisser tous les coussins ! D’oĂč la cuisson exportĂ©e vers l’extĂ©rieur.



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Pour les cartes, je fabrique un aménagement en plexiglas fixé contre la paroi tribord. La table de cockpit est redessinée et la nouvelle est plus arrondie, plus petite et permet une meilleure circulation des personnes.

Avec quelques Ă©lĂ©ments de plus (support pour les verres, crochets pour les clĂ©s, fourre-tout supplĂ©mentaire, miroir, rideaux et dossiers) “Maybe” devient tout Ă  fait habitable.

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ÉlectricitĂ© et navigation

Le Kerkena n’est pas dĂ©pourvu de matĂ©riel. On y trouve une batterie 60 A/h qui peut se charger via prise de quai et convertisseur 220-12V. Le tableau Ă©lectrique gĂšre les feux de navigation, la lampe de cabine, la pompe Ă  eau et le lecteur de CD. Pas mal, mais, une fois encore, bizarre et insuffisant ! Il y a des feux de navigations, certes, mais pas de feu de mouillage ! Cela vous interdit la nuit dans une petite baie sympa et ne vous permet pas la navigation nocturne sur un lac comme le LĂ©man. Sur cette Ă©tendue d’eau, les voiliers circulent avec un feu blanc en tĂȘte de mĂąt !

D’autre part, le compas d’origine (placĂ© au pied de la descente) n’est pas Ă©clairĂ©. En fait, il y a bien une ampoule dedans, mais elle n’est pas reliĂ©e !

Je place un second tableau Ă©lectrique et tire mes lignes. Le compas s’éclaire, notre cher pilote “Victor” (un Simrad TP10) reçoit de quoi s’alimenter. L’alternateur du moteur va pouvoir charger la batterie,le GPS et la VHF donner leurs informations, la glaciĂšre garder le rosĂ© au frais, la pompe de cale fonctionner “au cas oĂč” et la partie arriĂšre s’illuminer grĂące Ă  une lampe complĂ©mentaire.

Le chantier Indigo me pose sur demande un loch/sondeur Tacktick Micronet. C’est trùs mauvais pour le porte-monnaie, mais ces appareils sont particuliùrement fiables.

Le bateau sera Ă©galement Ă©quipĂ© d’une batterie de secours, mais je n’ai pas encore choisi mon systĂšme. “Lets Go” avait une petite batterie sĂšche de 3.5 A/h. C’est une solution, mais d’autres s’achĂštent ces fameux “Power Center” qu l’on trouve dans les rayons “bricolage autos”. Pas mal non plus et ça peut servir pour autre chose.

Et les nouvelles technologies ?

C’est encore le grand dĂ©bat. La LED comme feu de mouillage ? j’en suis convaincu pour en avoir vu, ça marche ! En cabine, la LED, bof ! En navigation, les feux Ă  LED, trĂšs cher ! Les panneaux solaires ? Chers, pas si â€œĂ©colos” que ça, volumineux, mais ceux qui en possĂšdent ne jurent que par eux ! Demain, peut-ĂȘtre... Le truc que j’avais adorĂ© sur “Lets Go”, c’est l’aĂ©rateur solaire. Quand il y a du soleil, le ventilateur tourne. C’est trĂšs au point. J’envisage un systĂšme similaire pour “Maybe, mais avec un ventilateur et un panneau un peu plus grand. À suivre...

L’eau à bord

Pas celle qui entre sans y ĂȘtre invitĂ©e, mais celle qui sert Ă  la survie ! Coup de gĂ©nie des concepteurs, l’eau est sous pression (mais si !) et puise sa source dans un rĂ©servoir de 100 litres placĂ© Ă  l’avant et qui sert Ă©galement de lest liquide. La pompe alimente un petit Ă©vier intĂ©rieur et une douchette extĂ©rieure.

Pour avoir trimballĂ© mes rĂ©servoirs de 10 litres, sur le Go, chaque fois que je voulais rincer une feuille de salade ou me brosser les dents, j’apprĂ©cie. Quant Ă  la douchette, elle est idĂ©ale pour rincer les pattes de mon cocker aprĂšs la promenade !

Seule transformation : diriger les eaux usĂ©es vers un rĂ©cipient Ă  eaux grises (norme helvĂ©tique oblige) et brancher la pompe de cale Ă  la place sur le trou de sortie.

Sécurité et mouillages

Le Kerkena possĂšde des filiĂšres, mais ce qui va faire fuir tous les parents responsables, c’est que le cockpit donne directement sur la mer, sans aucune retenue. Il n’est pourtant pas difficile de poser des laniĂšres de sĂ©curitĂ©, nous en fixerons deux l’une sur l’autre. Cela attĂ©nue tout de mĂȘme le risque de baignade non planifiĂ©e ! Il est prĂ©cisĂ© dans le livre du propriĂ©taire “qu’il convient de poser une ligne de vie pour la sĂ©curitĂ©â€. Exact, mais pourquoi ne pas la proposer d’office ? J’ai pu m’en rendre compte sur “Lets Go” : sur un petit bateau, l’équipage est vite trĂšs vulnĂ©rable. J’équipe “Maybe” d’une ligne de vie. Je dois encore poser deux crochets en pied de descente pour fixer les harnais “au cas oĂč”. TestĂ© sur un autre voilier, ce systĂšme a fait ses preuves et permet de descendre Ă  la table Ă  carte sans se dĂ©tacher. Excellent Ă©galement pour la sĂ©curitĂ© de notre toutou qui possĂšde son propre harnais ! Pour le reste, nous posons, comme sur le Go, un filet de protection sur les filiĂšres. Ça fait “baroudeur” et ça empĂȘche un nombre considĂ©rable d’objets de passer par-dessus bord !

Le bateau n’a rien pour protĂ©ger sa coque contre les pontons agressifs. Nous pensons d’abord fixer une bande de protection autour de la coque. Pas terrible pour l’esthĂ©tique. Nous trouvons alors LA solution en posant six pares-battage en tout qui sont d’un bleu du plus bel effet et qui, surtout, sont en forme d’anneaux carrĂ©s. La protection est excellente et il suffit, en navigation, de les ramener Ă  l’intĂ©rieur.

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Le Kerkena possĂšde une superbe baille Ă  mouillage complĂ©mentĂ©e par un davier. La classe ! Cela permet de poser une bonne ancre (pour moi, une Delta 6 kg avec 10m de chaĂźne de 7 et 30m de cĂąblot Ă©lastique).

Il reste encore de la place pour mes deux pares-battage traditionnels et on pourrait encore y ajouter du matériel. La deuxiÚme ancre est une plate de 6 kg (6m de chaßne de 8 et 20 m de cùblot). Elle est planquée dans un coffre au fond du bateau et sert avant tout... de lest !

PremiĂšre sortie... au moteur !

Ce n’était pas vraiment voulu. Mais ce dimanche, il fait beau et comme nous ne pouvons pas encore dresser le mĂąt car il manque une piĂšce Ă  l’enrouleur, nous dĂ©cidons un test au moteur, notre poteau fixĂ© Ă  l’horizontale sur son support. Mouillera, mouillera pas ! C’est le sujet de dĂ©bats fleuves chez les amateurs de transportables. Jusqu’ici, nous n’avons jamais mouillĂ© nos roues de remorque. Cela a Ă©tĂ© souvent trĂšs sportif et parfois limite. Avec “Maybe”, nous abandonnons et plouf, ma remorque plonge sans se faire prier dans l’eau douce.

Le bateau sort tout seul, en douceur. Au retour, mĂȘme solution et “Maybe” reprend sagement sa position sur la remorque. Comme c’est simple ! Peut-ĂȘtre, mais en mer ? Nous visons deux solutions : soit, on plonge, mais avec exercice de rinçage-sĂ©chage-graissage Ă  la sortie, soit on grute et tant pis pour le porte-monnaie. C’est toujours moins cher qu’une avarie causĂ©e par une fausse manoeuvre.

Le bateau flotte, c’est bon signe. Tout l’équipement Ă©lectrique fonctionne. Juste le sondeur qui me donne des chiffres fantaisistes quand je comprends qu’il est rĂ©glĂ© en “pieds” et non “en mĂštres”. Correction vite effectuĂ©e !

Au fait, inutile d’équiper le Kerkena d’une salle de musculation, c’est dĂ©jĂ  fait ! La dĂ©rive sabre de 150kg (seul lest du voilier) Ă  hisser avec un palan Ă  6 brins se chargera de la stabilitĂ© du navire et de votre bonne forme physique !

Mais mon souci, c’est le moteur. C’est le 4,5 cv Honda 4 temps de “Lets Go” (en fait le 5cv europĂ©en revu aux normes suisses !). "Victor” prend la barre et je contemple le GPS : 5,5 noeuds en vitesse maximale et 5 noeuds aux 2/3 de la manette (par eau calme), C’était, avec un dĂ©ficit de 0.2 noeud et encore, le score obtenu sur mon ex-micro. On me l’avait dit, mais j’étais septique : inutile d’avoir une forte puissance sur un petit transportable. Ce moteur a poussĂ© sans encombre “Lets Go”, mĂȘme par mer trĂšs hachĂ©e. Il saura certainement faire de mĂȘme ici.

DeuxiĂšme sortie... Ă  la voile !

Un dernier dimanche de beau avant l’hiver. Cette fois, le mĂąt est bien droit (en fait, Ă  peu prĂšs, car je l’ai rĂ©glĂ© Ă  la va-vite). L’heure est grave (veuillez lire la suite de ce paragraphe en Ă©coutant une musique solennelle, svp !). Nous allons savoir si nous nous sommes “plantĂ©s” dans notre choix ou si ce voilier a de bonnes performances.




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SitĂŽt sortis du port, nous hissons la toile. L’enrouleur dĂ©bite sans se faire prier le gĂ©nois, la grand-voile monte fiĂšrement. C’est un jeu d’enfant, plus facile que sur le Go car ici, les galets glissent facilement dans la gorge du mĂąt, lĂ  oĂč le cordeau de la voile du micro se coinçait parfois lĂ©gĂšrement.

Nous partons au prĂšs et aprĂšs rĂ©glage, je lĂąche la barre. Ça va tout droit, ouf ! Le voilier est quand mĂȘme trĂšs lĂ©gĂšrement ardent. Rien de grave, car j‘ai volontairement mis le mĂąt un peu trop en arriĂšre. En le redressant, tout rentrera dans l’ordre.

Inspection de la vitesse : Le vent est un petit force 3 et le GPS annonce 4 Ă  5 noeuds. Mais c’est bien, ça ! “Lets Go” irait-il plus vite ? Nous ne pouvons malheureusement pas vĂ©rifier.

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DĂ©part au portant et hissage du spi asymĂ©trique. Mes connaissances de cette voile ne sont que thĂ©oriques et c’est la premiĂšre fois que je hisse cette toile. Pas de problĂšme. La secousse marquant une brusque accĂ©lĂ©ration du bateau m’assure que le spi ne fait pas de la figuration. La barre reste douce, ce bateau navigue bien.

C’est le coeur lĂ©ger que nous rentrons au port (vous pouvez arrĂȘter l’écoute de la musique solennelle !). Le gĂ©nois s’enroule sur son support, la grand-voile, guidĂ©e par son lazy-bag, rente dans son fourreau. Nous ne trouverons qu’un petit dĂ©faut. La bĂŽme, voile ferlĂ©e , est tenue essentiellement par le lazzi bag. Nous allons ajouter une balancine pour permettre un rĂ©glage plus aisĂ©.

Peut-on améliorer le gréement ?

Le Kerkena a une voilure de 21 mÂČ, comprenant un gĂ©nois sur enrouleur et une grand-voile lattĂ©e avec deux prises de ris. Nous avons d’office ajoutĂ© un spi asymĂ©trique. D’abord, c’est trĂšs joli, cela justifie un bout dehors du plus bel effet et ça fait avancer le bateau ! L’avantage, par rapport au spi symĂ©trique (que nous avions sur le Go), c’est le tangon en moins qui, en croisiĂšre, n’est pas toujours agrĂ©able Ă  manier. La solution du gennaker sur emmagasineur nous tentait Ă©galement, mais mĂąter avec ce dernier plus l’enrouleur de gĂ©nois n’était pas pour me motiver.

À l’avant, nous hĂ©sitons encore Ă  poser un tourmentin sur Ă©tai largable. Cependant, le gĂ©nois semble rester bien plat (donc, efficace) mĂȘme Ă  moitiĂ© enroulĂ©. Nous devons d’abord faire un test par vent fort afin de dĂ©terminer si cette adjonction est rĂ©ellement utile ou non.

L’écoute de grand-voile est sur simple pontet. LĂ , ça m’embĂȘte un peu et il est assez probable qu’un rail d’écoute soit posĂ© prochainement.

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Conclusions provisoires

Certes, ce prototype Ă©tait mal fini, certes il y a encore du travail et surtout, il faudra l’essayer en condition de croisiĂšre. Mais pour nous, ce voilier semble le bon. Il est rĂ©ellement confortable, il avance et semble solide. Il reste dans un poids et un entretien raisonnable et a une belle ligne. Que demander de plus ?

Texte et photos de Roger Baudet, novembre 2007